Comment l’art peut nous mettre en mouvement face aux effets délétères du climat ?

« Beau comme la rencontre fortuite d’un parapluie et d’une machine à coudre sur une table d’opération ». Cette définition de la beauté adressée par la Comte de Lautréamont a été relevée par André Breton. Trois objets sont mis en relation pour définir le beau. Une machine à coudre, qui lie, assemble et répare ; une table d’opération, cet espace en attente d’action ; un parapluie, cette extension du corps, encombrante mais indispensable à la vie sociale. Le parapluie nous aide à faire face aux intempéries en nous garantissant que nous pourrons nous présenter à autrui dans une tenue descente. Il nous évitera d’apparaître grelotant, englués dans de vêtements flasques, attendant l’évaporation lente dont profitent déjà les miasmes qui rougissent nos joues, font couler nos narines et découragent d’avance tout effort de convivialité. Le parapluie nous protège du ridicule des chats mouillés. Porté avec élégance, il devient même un accessoire de distinction.

Le sentiment de beauté est-il donc un sentiment émanant des profondeurs de notre fibre la plus intime ? Est-il une vérité intime, unique et indicible, tant elle est personnelle, enfouie dans la complexité de notre être ? L’esthétique est-elle l’apparition d’une vérité que seule une œuvre d’art est capable de nous révéler ? Y a-t-il de la beauté dans la scène du parapluie et de la machine à coudre ? Certains pensent que non.

Si l’esthétique n’est pas une science exacte, attardons-nous tout de même sur la mécanique de la beauté échafaudée par l’auteur des Chants de Maldoror.

Et si le beau se produisait en effet par une rencontre ? Et que pour cette rencontre il faille bien un espace (la table), un mécanisme (la machine à coudre), un parapluie (l’effet personnel) ? Le beau commence par une rencontre, le reste n’est que le reste : des accessoires et des effets.